KIKAVUL'histoire d'une jeune fille assassinée qui, depuis l'au-delà, observe sa famille sous le choc de sa disparition et surveille son meurtrier, ainsi que la progression de l'enquête...
Je prendrai en DVD (comme tout ...).
La leçon de cinéma de Peter Jackson
Par Thierry Chèze - L'Express.fr
Venu du cinéma d'horreur à tout petit budget, le Néo-Zélandais a mis Hollywood à ses pieds avec le triomphe du multi-oscarisé Seigneur des anneaux.Cinq ans après King Kong,il est de retour avec Lovely Bones,adaptation d'un best-seller, dans lequel, après avoir été violée et tuée, une ado observe depuis le ciel sa famille, ses amis et son tueur. L'occasion de lui demander les secrets de fabrication de son oeuvre imposante.
PETER JACKSON ...
J'ai commencé à tourner des films à 8 ans avec la caméra Super 8 de mes parents. À l'époque, mes sorties cinéma étaient rares, la moindre salle était loin de chez moi, et mes parents m'y conduisaient rarement. Les références de mon enfance sont donc surtout télévisuelles. J'adorais Les sentinelles de l'airou Batman.Le premier film qui m'a marqué, c'est King Kong. Je me souviens avec précision de ce vendredi soir où je l'ai découvert. Je l'avais tellement aimé que j'en ai fait un remake dans mon jardin (rires).En fait, à cette époque, j'aimais surtout l'idée de m'échapper de mon quotidien. C'est pour ça que je me suis mis à fabriquer mes propres films, pour lesquels je confectionnais des modèles réduits de monstres ou faisais brûler des maquettes d'avions... Mon rêve était alors tourné vers l'animation. Je m'imaginais en petit magicien avec, comme idole et modèle, Ray Harryhausen, qui a révolutionné l'art du trucage au cinéma avec des films comme Le septième voyage de Sinbadou Jason et les argonautes.
Ensuite, à l'adolescence, j'ai eu l'occasion de voir de plus en plus de films qui m'ont marqué, comme Le loup-garou de Londres,de Landis. J'ai commencé à avoir envie de raconter des histoires autour de ces monstres que j'aimais tant. Des histoires très basiques où des monstres morts revenaient à la vie et combattaient les héros (rires).Elles m'ont donné le goût du conte et le désir de passer ma vie à réaliser, et pas simplement à manipuler des maquettes de monstres. Car j'avais bien intégré que, contrairement à ce que je pensais, le responsable des effets spéciaux ne contrôlait pas tout, que le grand chef était bien le réalisateur. Cependant, l'industrie du cinéma néo-zélandaise est si petite qu'il m'était impossible de gagner ma vie avec ce métier. Ce n'était qu'un hobby que je pratiquais le week-end. J'ai quitté l'école à 17 ans, et j'ai travaillé comme photograveur. Avec mon salaire, je me suis acheté une caméra 16 mm, et j'ai commencé à tourner des courts. Chaque dimanche, pendant trois ans, j'ai mis en boîte ce qui allait devenir mon premier long et celui qui m'a valu d'être remarqué, Bad Taste.
L'IMPORTANCE DE L'INTUITION
Je n'ai jamais fait d'école de cinéma, ni même étudié cet art de manière théorique. Pour moi, depuis le premier jour où j'ai mis les pieds sur un plateau, tout est basé sur mon intuition. Attention, je suis comme tous les cinéastes, c'est-à-dire sous l'influence des films que j'ai vus et digérés depuis mon enfance. Mais à partir de là, il m'a fallu parvenir à distiller de l'originalité et ma propre imagination dans ce que j'avais tellement aimé chez les autres. Sinon, je n'aurais signé que des pâles copies et on aurait fini très vite par ne plus faire appel à moi. Or, j'ai eu de la chance, je n'ai jamais été à court d'inspiration. À chaque fois, je me suis littéralement fait le film dans ma tête de A à Z. Et une fois terminé, le résultat était extrêmement fidèle à cette vue de mon esprit, la colonne vertébrale et l'âme n'avaient pas évolué. J'ai un rapport organique aux films que je fais. Je les ai dans la peau et ils y restent jusqu'à ce que je les aie achevés. Ce fut le cas pour King Kongpar exemple. En 1995, on avait travaillé pendant neuf mois dessus, puis j'ai tout arrêté pour me lancer dans la trilogie du Seigneur des anneaux.Or, quand je m'y suis replongé des années plus tard, le film était toujours aussi limpide dans mon esprit. Et j'ai vraiment filmé ce dont j'avais rêvé neuf ans plus tôt. Les images étaient comme incrustées dans ma mémoire.
ÉCRIRE AVEC DES ACTEURS EN TÊTE
À chaque fois que j'écris un scénario, j'ai besoin d'avoir des acteurs en tête pour mes personnages. Même si ce ne sont pas forcément eux qui tiendront les rôles à l'arrivée. Pour le personnage de Jack Black dans King Kong,je me suis ainsi inspiré d'Orson Welles. En fait, avoir un acteur à l'esprit m'aide à rendre les choses plus concrètes. Parfois, j'ai la chance que l'actrice à laquelle j'ai pensé accepte de jouer, comme Susan Sarandon dans Lovely Bones.Mais il y a évidemment des cas où cette méthode est impossible. Comme pour la petite fille du film. Je n'avais aucune actrice de cet âge-là en tête. Mon seul modèle était le personnage décrit dans le livre. J'ai donc fait un casting classique. Là, la majorité des adolescentes venues auditionner se comportaient déjà comme des stars. Or je recherchais l'inverse, une jeune fille ordinaire de 14 ans. Je les ai donc éliminées au fur et à mesure jusqu'à ce que nous trouvions notre petite Américaine... en Irlande. Les essais vidéo de Saoirse Ronan étaient largement au-dessus du lot. J'avais devant moi le personnage que j'avais imaginé d'après le livre. Ce fut une évidence.
ÊTRE UN PARTENAIRE ET NON UN PATRON
Avec les acteurs, ma manière de travailler est très simple. Je pars du principe qu'ils savent jouer et que, si je les ai choisis, c'est parce que je pense qu'ils vont pouvoir incarner naturellement le personnage, en tout cas qu'ils en sont capables. Dès lors, je collabore avec eux comme avec mon équipe technique. Je ne suis pas le patron. Nous sommes tous des partenaires embarqués dans la même aventure. Cela ne m'empêche évidemment pas de répondre à leurs questions. Mon rôle consiste surtout à les recadrer avant chaque scène car eux n'ont pas toujours la vision du film dans son ensemble. Mais, pour cela, je ne leur parle quasiment jamais du texte ou de leurs dialogues, mais uniquement du sous-texte, de ce qui doit se passer au-delà des mots. Je leur rappelle les sentiments qui animaient leur personnage dans la scène précédente pour leur faciliter le chemin vers la prise. Pour le reste, ils savent lire, ils ont un cerveau et ils s'en servent très bien !
PAS DE RÉPÉTITION
Dans cette même logique, je ne fais pas de répétition. Je n'ai pas envie de voir mes comédiens jouer des choses extraordinaires sans que je puisse les saisir avec une caméra. Répéter serait pour moi synonyme de perte de temps puisque j'essaierais à tout prix, mais en vain, de retrouver ce moment-là sur le plateau. Avant la prise, je me contente de mises en place techniques pour permettre la fluidité de la séquence. Je ne demande jamais à mes comédiens de jouer la scène mais de me montrer les mouvements qu'ils comptent faire pour que mon équipe technique puisse les accompagner.
LE TEMPS COMME ALLIÉ MAJEUR
J'ai fait et je ferai encore des films très différents. Mais ma philosophie restera intacte : un film est en mutation permanente du jour où on en a l'idée jusqu'à celui où on le rend au studio. Et, à chaque étape, il faut douter, ne jamais croire à la perfection. À mes yeux, le scénario parfait n'existe pas, pas plus que la mise en scène parfaite ou le montage idéal. Durant tout le processus, on passe son temps à améliorer les choses. Et la qualité finale d'un film est d'ailleurs, selon moi, toujours liée au temps que l'on a pu avoir pour l'écrire, le préparer, le filmer et le monter. Celui-ci permet d'explorer des voies auxquelles on n'aurait pas pensé. J'ai la chance d'avoir goûté à ce luxe-là. Et sur Le seigneur des anneaux,comme sur King Konget Lovely Bones,j'ai vraiment fait évoluer le scénario au tournage, et même au montage, en bougeant des scènes entières d'une partie du film vers une autre. Sans cela, je n'aurais jamais essayé de chercher. J'aurais juste été obsédé par la date de rendu de mon travail. En fait, j'ai besoin que mon film terminé corresponde précisément à celui que j'ai en tête au départ. Et tant que cela ne se produit pas, c'est que je n'ai pas abouti mon travail. Voilà pourquoi le temps est un de mes plus précieux alliés.