
Aie pas taper

Modérateur : dino VELVET
Peu de temps après l’excellent Haute tension d’Alexandre Aja (dont on attend impatiemment le remake de La colline a des yeux), un autre survival, américain celui-ci, sortait sur les écrans français au cours de l’été 2003 : Détour mortel (Wrong turn en version originale).
Sans faire de rapprochement hasardeux, on peut constater que les deux métrages abordent le survival avec un profond respect pour le genre. Ainsi, si le film de Rob Schmidt (comme celui d’Aja) est certes référentiel, il ne joue jamais la carte du second degré pour autant, se voulant être un film d’horreur à l’ancienne.
Ses références, Wrong turn les puise dans deux des plus grands noms de l’horreur rurale : Délivrance (le pré générique y renvoie sans détour) et Massacre à la tronçonneuse (cf. la station service déglinguée, les nombreuses voitures à l’abandon qui en disent long ou le décor de la masure des trois frères dégénérés).
Jouant avec nos peurs enfantines, c’est principalement à l’imagerie du conte de fée que le film de Rob Schmidt se réfère : gigantesque forêt (les Appalaches) particulièrement périlleuse, grotte que dissimule une cascade, … Impossible aussi de ne pas penser au Petit poucet lorsque les personnages se cachent dans la maison de leurs prédateurs, assistent, impuissants, au découpage du corps de l’une de leurs amies puis attendent que le sommeil s’empare des hommes des bois pour pouvoir enfin quitter les lieux … une séquence d’anthologie au suspense quasi-palpable qui réveille les peurs ataviques du spectateur. Dégénérés physiques et mentaux tenant autant de l’homme que de la bête, les trois frères ont des allures d’ogres (chapeau bas, au passage, aux superbes et réalistes maquillages d’un Stan Winston qui produit également le film).
Avec une réalisation enlevée, Rob Schmidt parvient à suggérer la présence d’une menace tapie au fond des bois et, au rythme d’une progression narrative parfaitement réglée, dissimule de moins en moins d’éléments, dévoilant presque complètement les physiques hideux des trois frères et s’octroyant quelques beaux effets gore.
Bourré de bonnes idées (comme la séquence dans les arbres avec ses visuels nocturnes photo-réalistes), Détour mortel est donc un survival de qualité, une série B solide et efficace qui réjouira les amateurs du genre.