Considérant que le topic ouvert par Wonkley concerne avant tout le DVD du film (et les prochains titres de la collection Sheep Tapes), je me permets d’un créer un nouveau sur le métrage lui-même
C’est parti.
Morceau de choix pour cette première salve Sheep Tapes / Nanarland : Devil story alias Il était une fois le diable.
Tremblez braves gens !
Pour moi c’est le nanar pur, parfait. Absolument nul, involontairement drôle
Le début du film est mythique, un sommet du naveton. Monstre miteux (un mec qui sue et grogne derrière un masque caoutchouteux fabriqué au Plastic Studio de Bagnolet), effets gore approximatifs (le petit jet de sang), acteurs d’une nullité abyssale (la victime sautillant dans les bois
), erreurs conservées au montage (le monstre se prend un pied dans une tente et la traîne sur plusieurs mètres 
). Tout est là.Ce que j’en retiendrai surtout, c’est le travail sur la répétition et l’art de faire durer des séquences jusqu’à l’infini
Quand une femme est attirée par des miaulements de chat, c’est parti pour trois heures de plans alternés sur un chat noir (symbole ! symbole !) et sur le visage intrigué la femme en question.
Chat qui miaule, visage aux yeux écarquillés.
Chat qui miaule, visage aux yeux écarquillés.
Chat qui miaule, visage aux yeux écarquillés.
…
L’overdose de miaulements (toujours le même effet sonore) survient plus vite qu’on ne le croit
Lorsqu’un monstre agace un cheval noir (symbole ! symbole !), ça dure dix plombes.
Ça commence toujours pareil : Le monstre énerve le cheval. Hennissement. Le cheval menace de lui envoyer un méchant coup de sabot. Le monstre continue d’exciter le cheval. Hennissement. Coup de sabot.
Fin de la boucle 1 : Coup dans le bide. Le monstre vomit du sang.
Fin de la boucle 2 : Nouveau coup dans le bide. Le monstre gerbe du sang pendant beaucoup plus longtemps.
Fin de la boucle 3 : Coup dans la tronche. Le monstre se fait éclater un coin de la tête. Un lambeau de chair sanguinolente pendra jusqu’à la fin du film (et, franchement, vous aurez envie de lui filer un morceau de scotch).
Quand un vieux essaie de flinguer un cheval (le même ?) noir (symbole ! symbole !), mieux vaut avoir du temps devant soi.
La scène se passe dans un champ clôturé. Dans ce champ, il y a le vieux, armé d’un fusil à pompe, et le cheval.
C’est la nuit.
Le vieux essaie de flinguer le cheval. Il le rate. Hennissement. Le cheval rue et va faire demi-tour au bout du champ. Hennissement.
La chose se répète infiniment, ce qui fait sans doute de Devil story le film où il y a le plus de hennissements (toujours le même effet sonore).
C’est le lendemain matin.
Le vieux n’a toujours pas flingué ce foutu canasson !!!
C’est normal, il vise n’importe comment. Trop haut, pas dans la bonne direction. Il y a même un moment où le vieux est en train de tirer devant lui alors que le cheval lui passe dans le dos !
On se farcit encore une bonne grosse dose de hennissements.
C’était pas si mal les miaulements …
En s’appliquant à bien viser, le vieux finira par tuer l’animal. Du moins on peut l’imaginer car il faudra se contenter d’un gros plan (arrêt sur image) sur le canon de l’arme en train de faire feu. De cheval mort nous ne verrons point (manque de budget ? dresseur incompétent ? oubli ?).
N’empêche que, dans une hypothèse très basse, le vieux a tiré 1 fois toutes les 10 secondes (je sous-estime à mort la fréquence, j’en suis sûr), disons de 2 heures à 6 heures du matin.
Ça nous fait, au bas mot, 1440 coups de feu
Le vieux a donc raté sa cible (un cheval qui gambade autour de lui, dans un champ pas très grand et clôturé) 1440 fois.
Il avait aussi au moins 1440 cartouches sur lui …
Devil story, un film fâché avec les chiffres.
Grognements (le monstre), miaulements (le chat), hennissements (le cheval), coups de feu (le vieux), cris (la greluche).
Des loops.
Devil story, la grande boucle (d’ailleurs l’histoire toute entière est conçue sous la forme d’une boucle, cf. la fin).
Un disque rayé, une œuvre bègue.
Un grand film du patrimoine culturel français
