Hey hey !
Paris en plein hiver, une chambre dans un appartement cosy, trois personnes y dorment, l'un d'eux se réveille doucement et nous emmène sur le balcon. Nous tournant le dos, nous observons avec lui le tout Paris qui s'éveille dans un décor froid et grisâtre... Il se retourne, un regard, deux regards, il annonce aux spectateurs qu'en tant que narrateur de l'histoire qui va suivre, il se donne le droit de faire une introduction qu'il souhaite "ni pédante, ni verbeuse". De cette histoire, il indique habilement ne pas en être le héros principal et nous prévient que nous serons amené à comprendre comment son frère a pu se jeter d'un pont à cause d'une femme. Retour en arrière, le narrateur (Jonathan) redevient personnage et le frère (Jonathan) semble s'être installé depuis quelques temps dans le Forez par amour (?) pour une femme. Le couple va mal, leurs rapports sont complexes et le malaise très perceptible. Paul se renferme sur lui même, la repousse, s'en va, nous le retrouvons alors à Paris dans l'appartement où vit son père (Guy Marchand, fort attachant) et son jeune frère. Drôle d'endroit pour se ressourcer car si les trois hommes vivent dorénavant bien sous le même toit, le lieu souffre d'un passé très lourd (divorce, deuil...) qui semble avoir distendu les liens familiaux.
Grâce à une mise en scène sobre et intimiste,
Dans Paris séduit d'emblée. L'introduction est fort bien amenée mais on se heurte toutefois à un prologue forezien (le retour en arrière précédemment évoquée) peu captivant et assez raté. Reste que dans le rôle de Paul, Romain Duris surprend dans un rôle à contre-emploi plus qu'interessant. Sombre, mélancolique, mal habillée et mal rasée, Duris sait définitivement tout faire. Jonathan est de son côté plus volubile, Louis Garrel campant un étudiant qui sous des apparences heureuses cache pourtant un profond malaise. C'est là toute la force du long-métrage de Christophe Honoré. L'un ressasse son histoire d'amour, immobile dans sa chambre, l'autre fuit la réalité, mobile dans la ville et instable dans ses relations amoureuses. A ne pas louper justement l'histoire du loup et du lapin concernant ce paradoxe fraternel.
Autour de ces trois hommes, les femmes jouent aussi un rôle essentiel, voir majeur... Joana Preiss est l'amour perdue de Paul, Helena Noguerra, Alice Butaud et Annabelle Hettmann sont les trois conquêtes quotidiennes de Jonathan. Enfin Marie-France Pisier a la particularité de relier les trois hommes : le père et les deux frères. Force des compositions, force de la mise en scène, je ne vous ais pas encore parlé de la bande-originale du film. Grave erreur tant la musique est essentielle dans ce film ! A la fois jazz et rock, on retiendra surtout le passage où Paul se remémore son enfance en écoutant un vinyle datant de 1982 (
Kim Wilde - Cambodia):
http://www.radioblogclub.com/open/8102/ ... 20Cambodia.
On notera par ailleurs la présence du groupe
Metric (déjà présent dans
Clean de Olivier Assayas), Alex Beaupin ou encore
Girls in Hawai. Bref, un film à la fois rétro et moderne, de la littérature en image, une oeuvre qui ne prend toute sa puissance qu'une fois sorti de la salle...