Le DVD révolutionne les envies de cinéma
Le Parisien a écrit :Encouragés par les prix modiques des lecteurs de DVD, les Français s'équipent en masse et montent de véritables collections de films. Les consommateurs, plutôt jeunes, se montrent friands de productions à grand spectacle.
LE FILM en VHS vit sans doute ses derniers instants... D'ici à la fin de l'année, plus d'un foyer français sur deux sera équipé d'un lecteur de DVD. Pas surprenant, quand on peut se procurer un appareil qui tient la route pour 40 €...
Entre 2003 et 2004, au premier trimestre, les achats de films en DVD dans l'Hexagone ont doublé. Cet été, les Français se précipitent sur « Michel Vaillant ». Et d'ici aux fêtes, ils feront probablement des folies pour « Star Wars », « les Choristes » ou « Podium ». Les éditeurs ont compris le message. Le DVD des « Onze Commandements », le film potache de Michael Youn et sa bande, qui a réuni près de 3 millions de spectateurs en salles, sort aujourd'hui même à 600 000 exemplaires ! Bref, la consommation de cinéma est en plein bouleversement. Profils, goûts, budgets, voici les grandes tendances de ce nouveau marché.
Quel genre de films ?
Les grosses productions américaines représentent 80 % du chiffre d'affaires du secteur. « Ça détend et ça rend bien en DVD », explique Cyril, 27 ans, informaticien. Le grand spectacle qui en met plein les yeux et les oreilles demeure un achat incontournable pour le « DVDphile ». Surtout lorsqu'il a investi dans un home cinéma. « Le Seigneur des anneaux », « le Monde de Nemo », « Spider-Man », « Shrek », « Matrix Revolutions » enregistrent les meilleures ventes, que ce soit dans les hypermarchés, les grandes surfaces culturelles ou sur Internet.
Qui achète des DVD ?
Les fans sont avant tout des hommes, répartis en trois catégories. Les éclectiques : superproductions, oeuvres indépendantes, séries TV, dessins animés, mangas et films de genre... Ils ont souvent moins de 30 ans et achètent de tout. Les parents, quant à eux, sont très attirés par les nouveautés, les films tout public et à grand spectacle et les dessins animés pour leurs enfants. Enfin, les cinéphiles se délectent de classiques ressuscités grâce au support numérique. Parmi eux, majoritairement des jeunes (chez qui la collection de Funès marche très fort) et des seniors. Comme Christian, 56 ans, retraité : « Je viens d'acheter Spartacus, West Side Story, le Tambour et les Demoiselles de Rochefort. »
A quels prix ?
Au-delà de 25 €, les bourses se délient moins facilement, et rares sont les mordus prêts à payer plus de 100 € pour un coffret comme Jérémy, qui a importé du Japon une édition limitée de la quadrilogie d'« Alien » pour... 350 €. Quant à la fréquence d'achat, elle varie du sympathisant (un à deux achats par mois) au véritable « DVDvore » (un achat tous les deux jours). Les acheteurs « experts », qui jugent scandaleux les tarifs pratiqués par le commerce traditionnel, se fournissent exclusivement sur Internet, où les DVD sont facilement 50 % à 60 % moins chers.
Quel intérêt pour l'industrie du cinéma ?
Grâce au DVD, le film n'est plus un produit jetable mais un objet de collection, que l'on peut regarder plusieurs fois et approfondir grâce aux bonus proposés sur les versions « collector » (coffrets). Quand le prix n'est pas trop élevé, les curieux investissent facilement dans des oeuvres qu'ils n'ont jamais vues. Le marché du DVD peut ainsi offrir une seconde chance à des films qui n'ont pas très bien marché dans les salles. « Le succès en DVD n'est pas forcément lié au nombre d'entrées, les exemples de Michel Vaillant et Master and Commander le prouvent », constate Laurent Hude, coresponsable du rayon vidéo à Carrefour Bercy 2 (Val-de-Marne). L'industrie cinématographique a compris tout l'intérêt de ce nouveau marché. Elle zappe parfois la sortie dans les salles, pour commercialiser directement certains films en DVD. Du côté des acheteurs comme des producteurs, la révolution DVD est en marche.
Attention aux faux cadeaux bonus
Le Parisien a écrit :RARES sont aujourd'hui les films qui, après leur édition simple, ne sortent pas en version dite « collector », enrobés d'une flopée de suppléments. Minutes inédites, interviews, bêtisiers, versions commentées, trucages, fins alternatives... Les formes de bonus se multiplient.
Mais en pratiquant systématiquement cette politique, les éditeurs de DVD ont rendu les acheteurs plus exigeants. Certains consommateurs enragent de payer plus cher leur film à cause de suppléments dont ils se moquent et beaucoup se plaignent de leur qualité.
« La vérité, c'est qu'il ne sort dans le monde, chaque année, que cinq ou six collectors qui méritent ce titre », s'insurge ainsi Briac, 23 ans, réalisateur. « Au début, le bonus, c'était LE critère d'achat, se souvient Guillaume, 27 ans, maquettiste. Maintenant, tous les DVD en proposent, la plupart du temps insipides et « autocongratulants ». » Le bonus à toutes les sauces, c'est fini ! Claire, 24 ans, assistante de direction, ne s'y intéresse que quand ils viennent éclairer l'oeuvre d'un de ses réalisateurs préférés : « Pour un film aussi complexe que Mulholland Drive, le commentaire de David Lynch est appréciable ! Savoir pourquoi il a utilisé telle métaphore, c'est typiquement le petit plus qui m'intéresse. »
Jean-Baptiste, lui, regrette que ces suppléments en disent parfois trop, au point de démystifier les oeuvres qu'ils accompagnent. « Douze heures de bonus pour un épisode du Seigneur des anneaux, c'est trop. Démonter les images, pointer du doigt les retouches numériques et les incrustations sur fond vert, c'est l'assurance de ne plus voir son film comme on l'aime. »
VOIX EXPRESS/ Etes-vous plutôt DVD ou plutôt ciné ?
Le Parisien a écrit :Amélie Raes
21 ANS ETUDIANTE PARIS (XIXe)
« Je regarde surtout des films en DVD. Le cinéma, c'est trop cher ! J'ai un abonnement dans un vidéoclub : je peux en louer 6 pour seulement 10 €. C'est d'autant plus intéressant qu'aujourd'hui, on trouve les films en DVD très rapidement après leur sortie sur les écrans.
Et comme je les visionne sur mon ordinateur portable, je peux me mettre dans la pièce que je préfère. »
Grégoire du Boullay
42 ANS DIRECTEUR MARKETING BOULOGNE-BILLANCOURT (92)
« J'apprécie les deux. Le cinéma pour moi, c'est l'émotion, le grand spectacle. J'y vais environ trois fois par mois. Le DVD, c'est un support pour des films que l'on a envie de garder et de partager en famille. J'en ai acheté plusieurs récemment : La vie est belle de Roberto Benigni, Buena Vista Social Club de Wim Wenders, et Shrek. Je veux les revoir avec mes enfants ! »
Pascal Delaleu
35 ANS COMMERCIAL VERSAILLES (78 )
« Depuis que j'ai un lecteur de DVD, je ne vais presque plus au ciné ! Je préfère louer un film et le regarder chez moi. Avant, la qualité était moins bonne mais aujourd'hui, avec le home cinéma, on a un excellent son. Le choix dans les vidéoclubs est de plus en plus large. En plus, on n'est pas coincé dans une salle. Si le film est nul, on l'arrête. C'est plus rentable et moins compliqué. »
Clarisse Bleicher
22 ANS ETUDIANTE BARNEVILLE-CARTERET (50)
« Je suis sur le point de m'acheter un lecteur de DVD, car j'emménage dans un nouvel appartement, plus grand. Je vais pouvoir organiser des soirées DVD avec mes copains. Ce nouveau support vidéo nous débarrasse des contraintes du cinéma. Pas besoin de se soucier des horaires des séances. On peut improviser, et se décider à la dernière minute. Et il y a la convivialité en plus ! »
Christophe Lekidult
27 ANS COMPOSITEUR MONTPELLIER (34)
« Voir un film au cinéma, c'est quand même autre chose que de le regarder sur son ordinateur portable. C'est toute une ambiance, et des sensations qu'on ne retrouve pas ailleurs ! Tu te retrouves plongé dans le noir avec des gens que tu ne connais pas forcément. Tu peux aussi inviter quelqu'un... Le cinéma est chargé en symboles. Rien à voir avec une soirée devant un écran 12 pouces. »
Le film de Michael Youn déboule à 600 000 exemplaires
Le Parisien a écrit :C'EST L'UN des plus gros lancements de l'année ! Six mois jour pour jour après sa sortie en salles, « les 11 Commandements », le premier film de Michael Youn, qui fit un carton avec près de 3 millions d'entrées, est disponible en DVD. Pour cette comédie loufoque inspirée de la série télé américaine « Jackass », qui fait un malheur chez les 15-25 ans, l'éditeur Pathé a déployé l'artillerie lourde : pas moins de 600 000 copies seront en vente à partir d'aujourd'hui dans toute la France. « Le mois d'août est bon pour le public ciblé. Il n'y a pas d'école, les jeunes ne partent pas tous en vacances, l'Euro de foot est passé, c'est une période de détente propice à l'achat de DVD », explique Dominique Masseran, directeur du marketing chez Fox-Pathé-Europe 1.
Conscient que les fans attendent désormais un vrai « plus » lorsqu'ils achètent un DVD, Pathé a choisi de commercialiser deux versions des « 11 Commandements ». L'une, classique, avec le film et quelques bonus (bandes-annonces, commentaires de Michael Youn) ; l'autre, une version collector baptisée « XXL », avec un deuxième disque contenant 11 commandements qui ne figuraient pas dans le film, ainsi que le bêtisier du tournage. « Il s'agit de séquences un peu plus extrêmes, que nous n'avions pas conservées dans le montage initial mais qui sont d'une qualité proche de celles du film », assure l'un des deux réalisateurs, Vincent Desagnat. « A la base, le film était presque conçu pour le DVD de par le découpage des scènes. Au moment du tournage, nous n'étions pas sûrs qu'il sortirait en salles », précise-t-il. Pathé mise gros sur le film de Michael Youn, une succession de gags très gonflés qui constitue une indéniable réussite dans le genre. « D'ici à la fin de l'année, avec l'effet cadeaux de Noël en plus, nous espérons en vendre au moins 600 000 », indique Dominique Masseran. La société d'édition a réalisé cette année quelques-unes des plus fortes ventes, offrant même une seconde chance à certains films. C'est le cas pour « Michel Vaillant », une production de Luc Besson tirée de la BD de Jean Graton, qui avait déçu avec moins de 1 million d'entrées, mais s'est déjà écoulée à 200 000 exemplaires en DVD. « Grâce à la pub télé, on l'a repositionné sur le créneau des films d'action, alors qu'il était connoté course automobile lors de sa sortie. C'est devenu un bon produit familial », poursuit Dominique Masseran.
« Podium », « les Choristes » et « Deux Frères » en fin d'année
La fin d'année s'annonce riche pour cet éditeur avec plusieurs sorties mastodontes à venir : « Podium » de Yann Moix, et le coffret de la trilogie « Star Wars », de Georges Lucas, en septembre ; « les Choristes » de Gérard Jugnot et « Deux Frères » de Jean-Jacques Annaud en octobre... Tous bénéficieront de bonus inédits. Ainsi, pour « Podium », le coffret de trois disques proposera aussi une version longue du film, un bêtisier et un karaoké.
Comme aux Etats-Unis, ce marché est devenu un tel enjeu commercial que certains producteurs commencent même à financer des films destinés exclusivement à ce support. Par exemple « Sans motif apparent », du réalisateur américain Bob Rafelson, avec Mila Jovovitch et Samuel L. Jackson. Sorti en 2001 mais jamais diffusé en salles, ce thriller s'est déjà vendu à 100 000 exemplaires en DVD.
« Les 11 Commandements » (Pathé), version simple 19,99 €, version XXL 24,99 €. Pour satisfaire des fans toujours plus exigeants, une version collector des « 11 Commandements » sera également commercialisée avec un deuxième disque contenant des gags inédits et le bêtisier du tournage.
« J'ai déjà 500 titres ! »
Le Parisien a écrit :IL EST INFORMATICIEN dans un cabinet de notaires parisiens et habite à Saulx-les-Chartreux (Essonne). Thierry, 37 ans, s'est mis au DVD en 1999. Depuis, il n'arrête plus... « Il y a des personnes qui dépensent de l'argent pour faire du sport ou des voyages, explique-t-il, moi j'achète des DVD ! Quelques séries TV et DVD musicaux, mais surtout des films... Là, je fais feu de tout bois, des grands classiques aux nouveautés ! Je suis un DVDvore. Mes dernières acquisitions : l'Evangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini et Mystic River de Clint Eastwood. J'ai du bonheur à revoir un film que j'ai apprécié à la télévision ou au cinéma, et encore plus à découvrir une petite perle ratée en salle. »
« Quand j'ai vraiment besoin de tel DVD, poursuit Thierry, j'achète dans les magasins type Fnac ou Virgin. Sinon, j'attends que le prix baisse pour commander sur Internet. Cela dit, je n'ai pas de plafond, je suis allé jusqu'à 180 € pour le collector japonais de Kill Bill ! En moyenne, j'achète une dizaine de films par mois et je les regarde sur mon home cinéma et mon rétroprojecteur. »
Ce qu'il attend d'un DVD ? « Compte tenu de son prix, c'est une qualité d'image et de son plutôt que des suppléments. J'achète rarement le DVD d'un film que je n'aurais pas aimé uniquement pour avoir les bonus qu'il contiendrait... Aujourd'hui, j'ai à peu près 500 DVD. C'est pour moi aussi bien un produit culturel qu'un objet de collection. J'ai autant de plaisir à voir un film familial comme Love Actually, entouré des gens que j'aime, qu'à regarder pour l'énième fois Citizen Kane avec un ou deux amis cinéphiles en prenant notre pied à observer la technique du réalisateur, son placement d'acteurs... Parce qu'ils étaient projetés en salles, ma génération a pu connaître et apprécier les grands classiques de Fritz Lang, Orson Welles, René Clément, Sergeï Eisenstein, Frank Capra, Ernst Lubitsch... Le DVD est un formidable outil qui permet à ces films qui font partie de notre histoire collective de revivre dans les yeux des plus jeunes. »
Clés
25 min pour faire ce topic !Le Parisien a écrit :300 millions de DVD se sont vendus en Europe en 2003 (France, Allemagne, Espagne, Italie et Grande-Bretagne), dont 76 millions en France (+ 54,5 % par rapport à 2002).
Les deux tiers des supports vidéo vendus en France, en 2003, étaient des DVD.
13 000 titres de DVD différents existaient fin 2003, contre 7 800 fin 2002.
+ 100 % : c'est la croissance des ventes en France entre le 1er trimestre 2003 et le 1er trimestre 2004.
98,5 millions de DVD se sont vendus au premier trimestre 2004 en Europe pour un montant de 1,53 milliard d'euros.
25 % des ventes annuelles se font lors des fêtes de fin d'année.
1,2 milliard d'euros : c'est le chiffre d'affaires du marché français du DVD (vente + location) en 2003, dont 944 millions d'euros pour les seules ventes.
80 % du chiffre d'affaires du secteur est généré par les productions américaines. Au premier semestre 2004, les films représentent 63,6 % des ventes, les titres pour enfants 15,7 %, les documentaires 12,3 %, les DVD musicaux 8,5 %.
200 millions d'euros : c'est le chiffre d'affaires réalisé en 2003 grâce aux seuls DVD par le site Internet cdiscount.com, qui revendique le titre de « premier vendeur de DVD en France ».
10,5 millions de lecteurs étaient utilisés en France fin 2003, contre 5,6 millions fin 2002.
2 646 000 lecteurs-enregistreurs ont été vendus sur les six premiers mois de 2004.
131 € : c'est le prix moyen d'un lecteur DVD (y compris lecteur-enregistreur) au premier semestre 2004, contre 196 € au 1 er semestre 2003.
48,2 % des foyers français étaient équipés d'un lecteur à fin juin 2004 (inclus les lecteurs, DVD Recorder et Home Cinema Systems). 55 % devraient être équipés d'ici à la fin 2004.
- 13 % : c'est la baisse, entre le 1er trimestre 2003 et le 1er trimestre 2004, du prix moyen d'un DVD, qui se situe aujourd'hui entre 19 et 25 €.
1,69 € : c'est le prix d'entrée d'un DVD vendu sur Internet.
Z'avez intérêt à en profiter...
ils auraient du interviewer pete 
