Vu dans le Cinéma de quartier d'avril .
Par le réalisateur de Plus moche que Frankenstein tu meurs avec Aldo Maccione ,ça prête à sourire et pourtant c'est indéniablement l'un des meilleur film de guerre (anti guerre ,toujours)que j'ai jamais vu .
L'espace d'un instant ,à ce point T de sa carrière le vieux Crispino a atteint une espèce de sommet ,sans doute un coup de chance, peut être un malentendu ou un accident , mais un film magnifique à ranger à coté d'autres grands films de guerre amers ,qu'ils soient de Fuller ,Peckinpah ,Cimino et autres "vrais grands".
Il est question d'un groupe de commandos qui , pour préparer le débarquement allié en Afrique du nord en 42, doit prendre le contrôle d'une oasis stratégique controlée par une garnison italienne,se substituer à elle ,pour donner le change le plus longtemps possible avec l'africa korps en attendant du renfort...
Un récit (signé par celui qui deviendra un célèbre producteur, Menahem Golan et un certain Dario Argento) qui ouvre donc de larges possibiltés en terme d'action ,de suspense mais qui ,et c'est au final l'élement essentiel,autorise ,s'autorise,une réflexion sur l'homme ,la fraternité que souille la guerre ,son absurdité .
A la tête de cette troupe de commandos ,un homme à visage de reptile ,un predateur échappé des ages ,Lee Van Cleef .
Et il est pas là pour se dérider Van Cleef : hanté par le massacre de ses compagnons dans le pacifique ,il erre comme un dieu ivre de douleur et de folie attendant de faire tomber la foudre et couler le sang .
Ah faut le voir surinant des mecs avec l'oeil pétillant ,cartonner des panzers à la roquette ou poursuivre des prisonniers avec les lunettes de renard du désert et la mitraille sous le coude !!
Une allure folle ,à une époque oû nos soldats sont des mannequins pour minettes .
Pas un mec bon sans doute ,mais pas non plus complètement une brute (faut l'avoir vu ,hébeté,terrifié, fixer de longues secondes les yeux d'une des ses proies comme pour absoudre cette vie qui s'en va),et surement pas un truand .
Une sorte de héros ,radical et désenchanté .
Radical et désenchanté .
Deux mots et on a presque tout dit aussi du film .
A croire que si l'histoire est toujours racontée (filmée) par les vainqueurs ,une co-production "RFA-italie" a la force de dire quelque chose,aussi .
Entre la furie et les balles (le final c'est 20-25 minutes de défouraille sauvage)Crispino signe des scènes d'une rareté supreme ,des soldats allemands sympathisants avec des ricains ,des ricains éprouvant de la pitié pour des italiens,juste des homme en fait embarqués dans un vertige qui les dépasse,pareils à des marionnettes baladés au gré de fils perver, et finalement tous égaux devant la mort (scène finale absolument fabuleuse) .
D'habitude les films de guerre "spaghetti" sont soit très ludiques ,soit carrément parodiques ,et de toute façon un peu détachés ,ici on ne mange pas de ce pain là : de l'action certes mais chevillé d'humanisme et de ressentiment ,d'amertume .
Même pas de plaçe pour l'ironie ou l'héroisme , et puis qu'est ce que c'est d'ailleurs l'héroisme au combat ?
Crispino répond séchement que c'est un abruti de trouffion qui va sauver une pute aux yeux crevés (l'idéal) et qui se prend une rafale et tombe la tête dans le sable ...
Edifiant .
Un vrai petit chef d'oeuvre du genre .
