

Le genre de petite pépite qu'on peut découvrir par hasard sur le sat (ciné auteur en l'occurence) entre 3 et 5 ...
On est pas loin du vigilante : un père de famille austère du Midwest plonge dans les méandres de la débauchée Californie pour retrouver sa fille égarée (de gré ou de force ?) ...

Si mon canard offrait 2 bonnes étoiles ,mon guide Télerama évoquait le pire film de Schrader (Affliction notamment),un dépliant raccoleur et moralisateur à peine moins scandaleux que le 8 mm de Joel Schumacher ...
Un peu moins de 2h plus tard ,une chose est sure : soit le critique de Télerama fait lui même partie de l'église calviniste ,ou soit tout simplement il n'a même pas vu le film .

En effet cet prod Milius est pour le moins de bonne facture , et pour tout dire très attachante .
En effet l'exploration du milieu porno par un redneck du fin fonds bigot de l'amérique a de quoi striller la gueule ,d'autant plus quand le client en question a la carrure absolue de George C. Scott (Patton,Docteur Folamour).

Amateurs de nibards hurleurs ,d'abricots en fleur ,de fessiers chevronnés et de membres turgescents tournés vers l'éternité ,passez votre chemin ,si le film est inexplicablement interdit au - de 16 ans ,vous verrez beaucoup plus de fesses dans n'importe quel épisode des Experts ...
Car si Schrader ne lésine pas à explorer des endroits glauques, son approche fonctionne plus sur un certain tragi-comique de situation qu'une réelle vision sociologue et auteurisante du vice et (encore moins sulfureuse) , ce qui lui permet notamment de ne pas verser dans racolage plus ou moins ludique auquels sacrifient souvent les charges prétendument moralisatrices (films sur le sexe ,la drogue ...).

Le film reste d'abord un polar , plus cynique que vraiment méchant oû les puritains en prennent d'ailleurs au moins autant pour leur grade que les pornographes .

Un polar proche de l'auto-défense arcqué autour d'un monument sur pattes : George C . Scott qui ,c'est une évidence ,aurait largement eu le talent et la tronche pour incarner le Colonel Kurtz qui débarquera du fonds de sa jungle quelques mois plus tard en cette fin (merveilleuse ) d'une décennie de magie .
George C.Scott...traine derrière lui tout un pan de cinéma ,le cinéma de papa oû les héros étaient des vieux beaux carrés et méchants , prêts à démonter les punks er les nazis au son des psaumes, de la patrie et de la famille .
Des héros à l'allure formidable mais souvent bas de plafonds .
Ici l'animal Scott casse son image ,porte des chemises disco pour intégrer le milieu porno (






A travers ce monstre sacré prêt à tout et desesperé ,Schrader stigmatise l'espace d'un instant pourtant les hésitations et le morcellement d'une génération à qui sa jeunesse échappe ,et dont les valeurs qui ont cimenté leur existence s'écroulent ou filent en lambeaux .
George C Scott est ce désarroi ,un bloc de 110 bons kilos qui pleure à genoux devant sa fille suceuse de bites ,et qui se prend d'un autre amour fillial pour une paumée radieuse mais sacrifiée interprété par la touchante Season Hubley ...


Mais un polar définitivement qui ancre sa destination première dans un final super frontal , violent et iconique à souhait .
Avant de mourir, faut avoir vu George C Scott traverser à coups d'épaule ou tête la première les murs d'un salon sado-maso

Un film racé qui fonçe dans tous les sens et qui palpite d'idées, de vie et de fureur ,ça fait toujours du bien .
Le genre de film qui me fait aimer le cinéma .

