Qu'écoutez vous au moment où...

[creepers]

[peter wonkley]

Au premier degré, Joe's Garage peut passer pour un concept album à l'argument volontairement crétin. On y suit les tribulations d'un aspirant rock-star aux prises avec les groupies, le fétichisme, divers appareils ménagers, et un gouvernement qui décide d'interdire la musique. Des obsessions familières pour l'initié au petit monde délirant de Frank Zappa, et qui ne sont pas innocentes. Derrière le côté "1984" pour patronage perce une réelle crainte de la censure, et Frank sera à l'avant-garde du combat pour la liberté d'expression quand la menace se fera réelle. Si le premier acte est le plus orienté chanson, en empruntant à toutes sortes de styles, du doo wop au reggae en passant par le surf et le blues, les deux derniers sont structurés par le jeu de guitare innovateur du leader, qui signe ici quelques uns de ses plus beaux solos ("Packard Goose", "Watermelon In Easter Hay"). Magistral.

[peter wonkley]

La première sensation qui ressort à l'écoute d'Aenima est la lourdeur : des riffs de guitare, du rythme, des sons. La musique de Tool est lourde, dans le sens heavy. L'ensemble est pesant, écrasant même. Et dans cette atmosphère étouffante, Maynard James Keenan, le chanteur du groupe, est notre sauveur. Sa voix envolée amène la touche de lyrisme qui fait de cet album un des grands moments du metal des années 90.
S'il faut une preuve de l'originalité incontestable de Tool, on peut la trouver dès la première page du CD. "Stinkfist", alliant douceur mélancolique et pure violence, fait entrer l'auditeur dans Aenima comme dans un trip psychédélique sauvage. Le reste, c'est la magie de Tool, passant d'un morceau magnifique tel que "Eulogy", au délirant "Die Eier Von Satan". Un pur régal.

[creepers]

Un putain d'album celui là bon sang !

le prochain Tool arrive bientôt en plus !

[peter wonkley]

Associé à DJ Hi-Tek depuis 1994 sous l'appellation Reflection Eternal, Talib Kweli fait partie de ces trésors issus de la pépinière underground new-yorkaise que le label Rawkus a contribué à amener sur le devant de la scène. Si le duo a connu un départ sur les chapeaux de roues avec le classique "Fortified Live" (qu'on peut encore retrouver sur la compilation Soundbombing, il aura fallu attendre que Talib Kweli en ait fini avec ses escapades plus ou moins conséquentes (notamment l'album Blackstar en compagnie de Mos Def) pour qu'un album de Reflection Eternal devienne enfin réalité. Jonglant fort intelligemment entre un egotrip sophistiqué et des engagements rivés au coeur, Talib Kweli s'installe ici comme un des auteurs les plus aiguisés du moment. Condition sine qua non à la tenue d'un album, DJ Hi-Tek ne faillit pas à sa réputation de producteur tout en finesse, toujours alerte pour faire rebondir l'album lorsque la routine pointe son nez. Loin des invitations de complaisance à usage publicitaire, les convives (De La Soul, Mos Def, Xzibit, Rah Digga, etc.) ont tous été triés sur le volet. Un important palier dans l'envol de la carrière du duo.

[peter wonkley]

Les Racines, voilà un patronyme qui correspond bien à la mixture sonore concoctée par le quintet rap tendance jazzy de Philadelphie. Une musique fortement imprégnée de saveurs old-school et inflexiblement soutenue par les préceptes de la pacifique Zulu Nation chère à Afrika Bambaata. The Roots est avant tout un groupe de rap live, comprenez avec musiciens en chair et en os, à l'instar de l'excellent batteur et véritable poumon de la formation Ahmir "Questlove" Thompson. Inspiré par les block- parties d'antan ainsi que par la fraîcheur du clan Native Tongues (A Tribe Called Quest, De La Soul, Jungle Brothers), les Roots est la figure de proue du rap américain vertueux : le rappeur principal Black Thought ne croise le mic' qu'avec des lyricistes consciencieux tels Common, Mos Def ou encore Erikah Badu, et ses propos ne dérapent jamais.

[peter wonkley]

Est-il difficile d'être un des groupes phares de la scène grunge originelle après la mort de Kurt Cobain ? Cette question, Eddie Vedder semble avoir cessé de se la poser. Après une courte période de flottement, il nous offre un des meilleurs albums de Pearl Jam, si ce n'est le meilleur. Car si Yield n'est pas un chef-d'œuvre du rock américain, il en a quand même sacrément l'air.
Les musiciens de Pearl Jam tendent à se réinventer album après album. On ne peut pas parler de révolution mais plutôt de changement dans la continuité. Eddie Vedder et ses comparses s'ouvrent à des horizons qui leur étaient fermés jusqu'alors. Yield recèle de petits trésors incontournables. De "Given To Fly", petite balade atypique, à "Do The Evolution", morceau rock énervé, le cinquième album des survivants du grunge regorge d'émotion et couvre une palette des plus larges. Il mêle espoir et désespoir, joie et tristesse dans un melting-pot magnifique.

[creepers]

[peter wonkley]

Truth & Soul est l'album le plus au point, le plus frénétique et le plus politique du limité mais important catalogue ska/metal/funk/punk de Fishbone. Ils font encore la fête sur cet album ("Bonin' In The Boneyard"), mais offrent également de sérieuses tranches de réel, et un point de vue aiguisé sur la condition des Noirs en Amérique. La plupart des chansons (notamment "Slow Bus Movin'", "Ghetto Soundwave" et le convaincant "One Day", plein d'espoir) ont été enregistrées en 1988, lors de l'anniversaire de Martin Luther King Jr. et d'Abraham Lincoln. Le chanteur déjanté, Angelo Moore, est en grande forme sur Truth And Soul, mais le guitariste Kendall Jones menace souvent de voler la vedette, notamment sur la reprise survoltée de "Freddie's Dead" de Curtis Mayfield.

[peter wonkley]

[JOJO]

[peter wonkley]

[peter wonkley]

Printemps 2000, deux ans et demi après le premier épisode de la saga Sad Hill, le DJ d'IAM remet ça. Ses collègues sont évidemment présents à ses côtés, au même titre que d'autres rappeurs marseillais (Faf Larage, Def Bond, Psy 4 De La Rime, Yak, K-Rhyme Le Roi, Sat de la FF, Tony et Paco). Paname est représenté aussi, par l'intermédiaire de Pit Baccardi, Arsenik, Mafia Trece, Sages Po, L'Skadrille, les Nubians. Mais comme Kheops, alias Blondin, n'apprécie guère la demi-mesure (le bonhomme est fanatique de vinyles funk/rap et fervent supporter de l'OM), il a également invité le duo cannois Chiens De Paille et les New-Yorkais Prodigal Sunn, Dreddy Krueger, Arsonists et Shabazz The Disciple. Bref, que du beau monde qui met le feu sur les instrus du roi de la colline phocéenne.

[peter wonkley]

La musique rock est une énergie renouvelable. Les chansons qui ont marqué peu ou prou son histoire se recyclent à l’infini. Et le répertoire constitué au fil des ans est ce patrimoine collectif où le duo Nouvelle Vague plonge avec gourmandise. Marc Collin et Olivier Libaux, les deux protagonistes de ce projet malicieusement nommé Nouvelle Vague, choisissent des titres qui incarnent la période des années 80 en Angleterre. Et les groupes repères de ce temps auto baptisé "new wave". Il y avait les Clash, Dépêche Mode, XTC ou Modern English. Il y avait aussi les Undertones, The Cure, et tous ont légué à l’histoire l’une de leurs compositions. Certains plusieurs. Et l’idée de Nouvelle vague a consisté à trouver celle qui s’accommoderait le mieux à une relecture… en bossa-nova electro. Surprenant résultat, et envoûtante perspective : "Guns Of Brixton" des Clash se fait douce violence, et "This Is Not A Love Song" de P.I.L. devient une romance lascive. La trouvaille décisive de Nouvelle Vague est de confier à plusieurs jeunes voix féminines les couplets de ces morceaux du passé. Camille se coule dans "Making Plans For Nigel", ou "Too Drunk To Fuck" (des Dead Kennedys), et on fait connaissance au fil des chansons avec les voix soyeuses de Daniela D Ambrosio, Mélanie Plain ou Marina. Des caresses ensoleillées passent sur la peau, et Nouvelle Vague se fait vite indispensable.

[JOJO]