Être annoncé à grands renforts de publicité comme le nouveau génie du gros rock américain en 2002 pourrait être un drôle de fardeau ! Force est de reconnaître toutefois à Andrew W.K. de sacrées qualités : de bête de scène et de compositeur, entre autres – ce dont témoigne ce premier album étonnamment mature (côté production, évidemment ; pour les textes, c'est une autre paire de manches). Tout ici est calibré pour être efficace, à l'image de l'imparable single "Party Hard". Avec Nine Inch Nails en ligne de mire, le rouleau compresseur W.K. avance, réduisant ses compositions au strict minimum vital. On accordera au personnage beaucoup d'humour, à l'image de ses influences astucieusement dégottées du côté des poilants effets pyrotechniques de Kiss. Difficile de résister !
En 1994, à sa sortie, le premier album éponyme de Weezer (dit "Blue Album") fait clairement souffler un vent de fraîcheur sur l'Amérique des college-radios et du rock indépendant, endeuillée coup sur coup par le split des Pixies et la fin abjecte de l'épopée grunge. Sorte d'équivalents américains à ce qu'a pu représenter Blur vis-à-vis de la tradition musicale anglaise, les quatre de Weezer piochent avec malice dans le riche héritage de leur nation. Il rapatrient par exemple la bonhomie mélodique des Beach Boys du début ou la pop fièrement carénée des Cars (Ric Ocasek est d'ailleurs à la production). Dans cet environnement référencé, le mordant des guitares tour à tour punk ou noisy apporte une résonance plus contemporaine. Explicitement mélodique, pourvu d'un esprit distancié qui sera parfaitement mis en image par Spike Jonze (voire le clip de "Buddy Holly" avec l'intrusion du groupe dans la série Happy Days), exsudant une morgue adolescente gentiment apprêtée, cet opus brut et homogène s'impose rapidement comme un sommet de power pop à l'américaine.