Bien aimé !
Un fier représentant d’une espèce rare : le blockbuster intelligent.
Une grosse machine qui ne prend pas le spectateur pour un con, c’est suffisamment inhabituel pour être signalé
Pas forcément un chef d’œuvre pour autant (faut arrêter de s’emballer à mort à chaque nouveau film de Nolan …) mais un métrage complexe et bien torché.
Visuellement, ça claque. Décors superbes, effets spéciaux au poil, mise en scène carrée. En même temps c’est une œuvre qui a les moyens de ses ambitions. 160 millions de billets verts, ça commence à chercher loin …
Comme le reste, le casting est du genre cossu. Un acteur qui ne cesse de se bonifier (Di Caprio dans un rôle assez proche de celui qu’il interprétait dans
Shutter island), des talents qui montent (Joseph Gordon-Levitt, Tom Hardy et une Ellen Page que je n’ai pas eu envie de baffer, une première), des vieux briscards réjouissants (l’über classe Michael Caine, le regretté Pete Postlethwaite et surtout cette bonne grosse ganache tannée de Tom Berenger !

).
Scénario bien ficelé pour un film bourré de concepts passionnants :
- les différents niveaux de rêve
- la distorsion temporelle entre temps réel et temps rêvé(s)
- la réaction de défense du subconscient de la personne qui rêve
- le risque de perte de contact avec la réalité, de déphasage
- les totems
- la possible dépendance au monde onirique (la scène dans laquelle Yusuf montre une arrière-salle où des personnes passent leurs journées à rêver évoque d’ailleurs la visite d’une fumerie d’opium)
Sinon, j’ai bien aimé le niveau « forteresse des neiges », d’influence purement vidéoludique
Après, pour moi,
Inception a quand même quelques défauts, disons trois :
1/ Une certaine frilosité.
Un film sur le monde des rêves pouvait à peu près tout se permettre en matière de visions fantasmagoriques, s’offrir des univers barrés. Bah non. Nolan reste timoré à ce niveau-là.
J’ai halluciné sur le monde créé par Cobb et sa femme. Des décennies (en temps ressenti) pour bâtir une espèce de ville toute bétonnée et moche, faut quand même le faire. D’ailleurs, Mallorie Cobb (Maria Cotillon) aurait pu être un personnage très flippant, horrifique. Bah non
Plus fous,
The Fall ou
Paprika sont mille fois plus intéressants en termes de création d’univers.
Passons maintenant aux deux défauts symptomatiques d’un certain cinéma nolanien …
2/ C’est froid.
Ça manque cruellement d’émotion. Si Christopher Nolan a incontestablement un don pour nous frapper au cortex, il semble incapable de nous étreindre le palpitant
C’est malheureux mais c’est comme ça : ses films ne me touchent pas (ou si peu). Emotion, sait pas faire le Christopher.
3/ C’est long.
J’ai bien conscience que le scénario particulièrement dense ne pouvait être traité en quatre-vingt-dix minutes mais quand même … ça reste un peu trop long.
A l’arrivé, je répète, j’ai quand même bien apprécié le film
On quitte d’ailleurs l’affaire avec une jolie fin ouverte (tombera ? tombera pas ?) et une étrange sensation de flottement, d’engourdissement mental. C’est sans doute le plus gros tour de force du métrage : réussir à plonger le spectateur dans un état proche du rêve
